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Ce blog se veut un lieu de réflexion libertaire autour des concepts de domination et de pouvoir.L'objectif serait de fournir une base référentielle pour faciliter le renouveau de la pensée libertaire. Attention comme tout blog il faut commencer par la fin soit le message le plus ancien. Pour faciliter ,les articles ont été numérotés puisqu'ils font partie d'un ensemble de textes. La forme blog m'est apparue plus intéressante que la brochure en raison de la gratuité et des échanges à venir.Vous pouvez laisser des commentaires en cliquant sur l'icône éclair.Cordialement et bonne lecture !

02 Jul

1 ère partieDu post-anarchisme au néo –anarchisme de Mère – Grand (réponse à Miche Onfray)

Publié par sureau  - Catégories :  #anarchie et pouvoir

1 ère partieDu post-anarchisme au néo –anarchisme de Mère – Grand                                                 (réponse à Miche Onfray)

1 De la mythification linguistique :

L’apposition des préfixes post ou néo serait devenue, ces dernières années, une référence en matière d’anarchisme.

A en croire certain(e)s, elle serait garante d’une régénération du corpus théorique anarchiste et d’une certaine modernité des idées libertaires.

L’apposition préfixale post n’est en fait qu’une argutie lexicale qui permet à l’énonciation théorique nouvelle de se prétendre plus aboutie que les précédentes et le préfixe néo n’est, quant à lui, que la prétention à un renouveau complet du corpus théorique .Le plus souvent, il construit son nid dans la déconstruction du précédent, sans se soucier du processus de construction de cette pensée, historiquement déterminée.

En fait, les préfixes néo et post servent à magnifier la pensée novatrice. Véritables artifices de langage, le post ou/et le néo anarchisme sont avant toute chose deux mouvements prétendument novateurs qui inviteraient à une vision progressiste et non sclérosé de l’anarchisme.

Le post et le néo-anarchisme ont en commun d’être des contractions du temps des idées. Le passé est minoré pour mettre en avant l’œuvre présente et, le futur, n’est que le développement, la suite ou aboutissement des préceptes édictés au présent.

Mais qu’en est-il réellement de cette prétendue modernité anarchiste ?

Le questionnement « post-anarchiste » reviendrait à en croire Michel Onfray, à s’interroger sur le « Comment être anarchiste en dehors de l’anarchie et dans l’anarchie ? »

N’en déplaise au philosophe, le propos n’est pas nouveau . Il est bon de se remémorer cette citation d’Errico Malatesta :

« L’anarchie [...] est l’idéal qui pourrait même ne jamais se réaliser, de même qu’on n’atteint jamais la ligne de l’horizon qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on avance vers elle, [par contre] l’anarchisme est une méthode de vie et de lutte et doit être pratiqué aujourd’hui et toujours, par les anarchistes, dans la limite des possibilités qui varient selon les temps et les circonstances. » Errico Malatesta, « Repubblicanesimo sociale e anarchismo », Umanità Nova, n° 100, Roma, 1922, in Scritti, Ginevra, 1936, volume II, p 42.43

Comment être anarchiste ? revient à questionner l’anarchisme dans le cadre d’un Étant et pose la viabilité d’un être anarchiste, là, où, personnellement, je poserais l’existant.

Pour le philosophe, la réflexion devrait s’orienter alors autour du questionnement suivant: Comment conserver l’anarchisme en le dépassant en même temps ?

Voilà bien la gageure : Que faut –il conserver et en quoi le dépasser ?

L’oxymoron ouvre alors un droit d’inventaire. Et quel inventaire !

L’idée générale serait de s’autoriser à effectuer une « logique du prélèvement, en essayant de « saisir et capter l’esprit anarchiste », en prenant « l’esprit mais pas forcément la lettre» et en désacralisant un certain nombre de dogmes.

2. De la fragmentation de l’anarchisme :

A raison, Michel Onfray fait le constat de l’anarchisme comme étant « un corpus doctrinal très explosé, très fragmenté », contenant « des choses éminemment contradictoires », tout et le contraire de tout.

Mais, curieusement, lui, qui semble fort attaché à une historiographie des idées libertaires, semble ignorer toute la singularité de la formation de l’histoire des idées anarchistes et c’est peut-être cela toute la déconvenue. Il convient de s’interroger sur cette formidable aventure des idées au sein de la première internationale, véritable laboratoire idéelle.

L’esprit de l’anarchisme réside peut-être là, dans cette spécificité de la formation de l’idéologie anarchiste.

L’aspect morcelé de la pensée anarchiste est, avant toute chose, le témoin de son mode de formation, de sa genèse idéelle et de la suite de son élaboration théorique collective.

Michel Onfray se veut élogieux à l’encontre de l’anarcho-syndicalisme et de son rapport de l’action à la pensée mais, pour autant, il semble ignorer que ce mode de fonctionnement n’est pas l’apanage de l’anarcho-syndicalisme mais qu’il se retrouve largement dans le mode de fabrication du discours anarchiste.

L’aspect fractionné de la pensée libertaire est patent dans le procès de construction discursif. Soit, comme l’indique René Furth : « L'anarchisme est un obstacle permanent pour l'anarchiste. » (, la question anarchiste)

Il témoigne certes de fragilités théoriques, de contradictions mais il peut, tout aussi bien être le révélateur de la multiplicité et de la complexité de la pensée anarchiste et de son mode de production discursif.

Le constat que René Furth porte sur l’anarchisme est lucide même s’il est pénible à admettre.

Pour lui, l’anarchisme « disperse plus qu'il ne réunit. Il gaspille les énergies au lieu de les concentrer. Il dilapide l'acquis quand il faudrait le mobiliser pour des acquisitions nouvelles. »

L’anarchisme a pour lui, cette singularité de la pluralité de son discours, véritable expression de ce que devrait être la complexité du discours politique, conçu comme émanation démocratique plurielle et non comme expression unique du discours politique étatiste.

Pour appréhender l’anarchisme, il faut donc, en tout premier lieu, évacuer l’idée d’un corpus théorique unique, définitif et homogène puis admettre sa dimension créatrice plurielle.

La diversité est à l’image de la pluralité et de la complexité. Ce désordre idéel apparent est à terme, créateur d’ordre.

3. De l’anarchisme comme idéologie unifiante :

A mon sens, il est essentiel d’appréhender l’anarchisme comme une idéologie.

Mais il faut considérer cette idéologie au sens d’un système plus ou moins cohérent de valeurs, d'idées, de principes éthiques, de représentations globales, de discours mythiques ou philosophiques, d'images, d'aspirations, de gestes et de structures collectifs, de techniques d'expressions et d'organisation des pouvoirs.

Comme tel, l’anarchisme est une production collective à la base et l’a toujours été et, au cœur même de cette idéologie, il est un élément primordial : l’éthique.

« L’anarchisme est une éthique et un éthos (un caractère, un ordre normatif intériorisé, un ensemble de notions éthiques qui règlent la vie), tout en étant une théorie politique. » (Eduardo Colombo, l’espace politique de l’anarchie, atelier de création libertaire, 2008)

C’est avec ce grand angle libertaire qu’il faut approcher l’anarchisme.

C’est tout l’enseignement de la pensée de Bakounine, de Kropotkine ou de Reclus.

L’anarchisme est une forme de pensée totalisante qui s’articule autour de grands principes éthiques.

Il constitue le point focal de tout raisonnement sur l’anarchisme.

Les jugements sommaires et les vestiges des vieilles vulgarisations doivent être certes dépassés par des méthodes d'analyses et les connaissances précises qui font bien souvent défaut mais en tenant compte de la spécificité de formation du discours politique de l’anarchisme.

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G
Très intéressante et vivifiante réponse à Onfray ! Je m'en vais de ce pas lire la 2° partie de cet article.
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À propos

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