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Ce blog se veut un lieu de réflexion libertaire autour des concepts de domination et de pouvoir.L'objectif serait de fournir une base référentielle pour faciliter le renouveau de la pensée libertaire. Attention comme tout blog il faut commencer par la fin soit le message le plus ancien. Pour faciliter ,les articles ont été numérotés puisqu'ils font partie d'un ensemble de textes. La forme blog m'est apparue plus intéressante que la brochure en raison de la gratuité et des échanges à venir.Vous pouvez laisser des commentaires en cliquant sur l'icône éclair.Cordialement et bonne lecture !

02 Jul

2 ième partie Du post-anarchisme au néo –anarchisme de Mère – Grand (réponse à Miche Onfray)

Publié par sureau  - Catégories :  #anarchie et pouvoir

2 ième  partie Du post-anarchisme au néo –anarchisme de Mère – Grand                                                 (réponse à Miche Onfray)

4 De l’anarchisme comme praxis :

L’ anarchisme est une pratique politique ennoyée dans des rapports sociaux, un système complexe de concepts se développant par des pratiques parfois contradictoires, en lien direct avec l'action et en cohérence avec des concepts généraux et de ce fait, le travail de théorisation de l'anarchisme n’a pas été le fait que de penseurs (seuses) mais aussi de travailleuses (eurs) qui ont été directement impliqué(e)s dans les luttes sociales et qui ont contribué à formaliser et diffuser des idées et des ressentis latents au sein de mouvement de masse.

Il n’est qu’à se référer à l’histoire de la pensée anarcho-syndicaliste pour percevoir cela mais pas uniquement. L’ histoire de la première internationale est révélatrice notamment si l’on regarde de plus près les positionnements des fédérations espagnoles ou helvètes et celle de Bakounine.

Le corpus théorique de l’anarchisme doit donc être conceptualisé comme des théories et des pratiques collectives, développant des actions résolues et conscientes, historiquement déterminées.

L’anarchisme est une philosophie politique dont l'objectif premier est de s’interroger sur le pouvoir, d'imprimer le désir de transformation sociale dans la société et de concevoir d’autres modes de rapports sociaux non fondées sur la domination.

Par ses évolutions théoriques mais aussi par ses pratiques, l’anarchisme a contribué, au sein des mouvements sociaux, à développer des pratiques et des théories de transformations sociales et il a su intégré en sa réflexion les apports de ces mouvements sociaux. Parfois même, les apports du fait des mouvements sociaux se sont avérés plus émancipateurs que ceux imaginés par le mouvement anarchiste (se référer à la révolution espagnole).

En conséquence, l’idéologie anarchiste a articulé la formulation d’objectifs finaux conçus comme un ensemble de valeurs abstraites et d'idées non déconnectées du réel, plus ou moins en cohérence avec des objectifs médias et immédiats.

Cette énonciation a connu bien des soubresauts qui peuvent sembler contradictoires et qui le furent a-posteriori mais qui, tous, avaient en commun cette volonté de transformation des rapports sociaux, à un moment donné, dans le sens émancipateur.

On ne peut comprendre les attentats anarchistes, la propagande par le fait et les revirements de Kropotkine et de Malatesta qu’à l’aune de cette singularité de la praxis anarchiste.

5. Du fondement éthique de l’anarchisme :

L’idée défendue par Michel Onfray, de fabriquer une « éthique minimale » s’avère la pierre angulaire non pas d’une théorisation post ou néo anarchiste mais tout bonnement anarchiste.

Trier l’acceptable ou non, refuser de « contextualiser » certains errements ou pensées inacceptables au regard de cette éthique minimale n’est pas nouveauté dans le mouvement de pensées anarchistes. Le mouvement anarchiste l’a souvent pratiqué de par le passé et continue à produire des analyses critiques de l’anarchisme mais peut-être et sûrement, ne va – t-il pas assez loin. Et ira-t-il un jour assez loi ?

Mais « contextualiser » n’est pas excuser mais essayer de comprendre avec humilité le rapport entre une idéologie fondée sur une éthique bien ancrée et le réel, en toute sa complexité. D’imminents penseurs anarchistes s’y sont brisés et pour autant, leur anarchisme était il en cause ou en péril ?

Le manifeste des seize de Kropotkine et d’autres, non moins éminents, et l’opposition qu’il suscita est révélateur du mode de production de la pensée anarchiste et la réflexion de Hem Day dans l'Encyclopédie anarchiste : « Cette longue polémique, si elle a provoqué, dans les milieux anarchistes, des scissions et peut-être amené quelques bons camarades à devoir rompre toutes relations entre eux, n’aura pas manqué d’être fructueuse en enseignements, car elle aura démontré comment un accord parfait, établi par près d’un demi-siècle de propagande pour un idéal commun, s’est trouvé brusquement rompu devant un événement d’une exceptionnelle gravité. [...] dans l’ensemble, le mouvement anarchiste fut nettement hostile [au Manifeste] ».

« Des anarchistes peuvent-ils, un seul instant, accepter cet état de choses, sans renoncer a tout droit de s’intituler anarchistes ? »

Question fondamentale que posa Malatesta.

6. De l’actualisation de l’anarchisme :

Écarter tout ce qui relève d’un contexte daté et faire l’économie de pensées qui ne sont plus en phase avec le réel présent semble une recommandation louable mais comment faire le tri dans le réel présent et exclure ce qui est suranné ? L’histoire est riche d’enseignements et s’invite volontiers dans le réel présent.

Prenons la problématique du pouvoir. Si l’approche récente à travers les travaux de Foucault ou de Deleuze convie à une démarche prospective des micros pouvoirs plus qu’à une appréhension par les grands organismes, force est de constater que les micros réalités apparentes s’articulent dans des ensembles macroscopiques et que la question de la puissance s’organise différemment suivant les époques mais avec une continuité historique et des invariants comme l’a démontré Lewis Mumford.

Le long temps est indissociable du court temps. Il l’irrigue à travers des constructions archétypales de la pensée que sont les mythes et les rites.

Mais pour être, le néo ou le post doit postuler le dépassement historique et bien souvent la dénonciation des erreurs passées.

Dans le cas de l’anarchisme, il va de soi qu’il faut sans cesse actualiser et réactualiser des idées fortes de l’anarchisme, puisque le corpus théorique de l’anarchisme n’est pas un ensemble abouti mais en continuelle évolution. Les gardiens du temple de l’orthodoxie anarchiste constituent des contre-vérités vivantes de la philosophie anarchiste.

Se débarrasser de certains schémas de pensées…cela aussi ne fait aucun doute.

Mais là encore, il convient de ne point perdre de vue la singularité de l’anarchisme et la signification de l'action anarchiste et auto-émancipatrice des classes exploitées.

« resignifier l'action de l'anarchisme signifie non seulement donner une voix et une dignité théorique aux innombrables initiatives de base qui constituèrent la trame où l'anarchisme put quotidiennement s'exprimer, mais aussi découvrir dans cette trame les articulations d'un discours avec son contenu, son sens, c'est-à-dire y déchiffrer sa grammaire et sa syntaxe. » (Nico BERTI , L'ANARCHISME DANS L'HISTOIRE MAIS CONTRE L'HISTOIRE)

Ce qui est, aujourd’hui suranné, a eu sa raison d’exister en des temps antérieurs et les convictions d’aujourd’hui sont certainement porteuses d’errements.

7. Démythifier l’anarchisme :

Tout un travail critique sur les mythes est plus que salutaire même s’il faut être conscient que cela dépasse la seule problématique anarchiste et est le fait que toute pensée est historiquement configurée et qu’un certain nombre de référentiels appartiennent à un imaginaire inconscient collectif qu’il faut s’essayer à débusquer et à démythifier.

Ainsi en va-t-il du schéma chrétien qui est parfois implicite dans l’inconscient de la pensée anarchiste et au travers de bien des mythes révolutionnaires et socialistes : mythe de l’âge d’or, de l’abondance recouvrée, de la fraternité idyllique…

Il faut en être conscient comme il faut ne pas perdre de vue que nous sommes des êtres portant en eux les contradictions de la détermination du monde environnant.

8. Pour une pensée positive de l’anarchisme :

En finir avec la négativité de l’anarchisme, la pulsion de mort est à écarter

Célébrer le positif. Voilà bien une curieuse invite.

Il est bon de souligner à Michel Onfray quelques textes de Malatesta !

« Est anarchiste par définition, celui qui ne veut être ni opprimé ni oppresseur, celui qui veut le maximum de bien-être, le maximum de liberté, le plus grand développement possible pour tous les êtres humains sans exceptions.

L’anarchiste sait bien que l’individu ne peut pas vivre hors de la société et qu’il n’existe même en tant qu’individu humain que parce qu’il porte en lui la somme totale du travail d’innombrables générations passées et bénéficie, tout au long de sa vie, de la collaboration de ses contemporains.

Il sait que l’activité de chacun a une influence directe ou indirecte sur la vie de tous et, par là-même, il reconnaît la grande loi de la solidarité qui prévaut dans la société humaine comme dans la Nature.(~ Volonta, Juin 1913 ~)

La haine de l’oppression, le désir d’être libre et de pouvoir développer sa propre personnalité dans toute sa puissance ne suffisent pas pour faire de quelqu’un un anarchiste. Cette aspiration à la liberté illimitée, si elle n’est pas tempérée par l’amour des hommes et le désir que tous jouissent d’une égale liberté, peut donner des révoltés, révoltés qui deviennent rapidement, s’ils sont assez forts, des exploiteurs et des tyrans, mais ne suffit pas pour façonner des anarchistes.(~ Umanita nova, Septembre 1922 )

Que de négativité dans cela ! Bien des textes anarchistes célèbrent la positivité de l’humanité mais déplorent la négativité de la domination et de l’exploitation et la combattent. La revendication de Liberté est le négatif de la prétendue positivité de la domination et de l’exploitation.

La citation d’Irène Pereira qui suit abonde en ce sens et donne toute sa dimension à la positivité de l’anarchisme.

Nuls doctes enseignements ne semble argumenter plus avant :

« Cette conception qui tend à considérer autrui comme la condition de possibilité de l’extension de ma liberté et non comme une limite, se retrouve également chez Bakounine. Celui-ci s’oppose également à la liberté négative, qu’il considère comme une liberté de propriétaire. Autrui ne doit pas empiéter sur ma liberté car la liberté est pensée sur le modèle de la propriété privée. Or, au contraire, en tant que je ne suis non pas un individu au sens atomistique, mais que mon individualité est une résultante sociale, alors la liberté des autres augmente la mienne infiniment. Cela signifie qu’étant un être social autrui n’est pas une limite à ma liberté, mais que la solidarité est la condition de possibilité de ma propre liberté.

Ainsi, pour les auteurs de la tradition anarchiste, la liberté individuelle est indissociable de la solidarité. La liberté n’est pas un principe négatif, mais positif qui se rattache à une conception morale positive. L’existence humaine la plus riche est celle qui est tournée vers autrui. » (L’anarchisme Contre La Liberté Négative , Rapport « critique » d’un texte de Ruwen Ogien en vue du séminaire ETAPE, Irène Pereira– Novembre 2014 –)

Prenons garde que la positivité ne soit pas autre chose qu’un artefact de la domination. On peut s’épanouir individuellement au beau milieu de la plus haïssable domination.

Là, encore, pour se prévaloir le néo et le post se doivent de déconstruire l’étant et en le faisant basculer dans le négatif cela permet l’émergence encore plus forte de la positivité des nouvelles constructions.

La célébration du néo ou du post appartient aux mythes de la modernité et au travers de bien des mythes laïcisés sur l’individu, la liberté, la réalisation hédonique de soi dissimule inconsciemment un égoïsme voire un égotisme qui ne s’encombre que fort peu du devenir de ses semblables…L’actuelle célébration des individualistes anarchistes du XIX ° siècle mériterait plus prudence dans l’appréciation des dires.

« Louise Michel a été une individualité bien plus riche que Nietzsche ou Stirner. Il s’avère donc ainsi nécessaire de distinguer l’individualisme et l’individualité. La liberté négative aboutie à une conception pauvre de l’existence humaine. » (L’anarchisme Contre La Liberté Négative , Rapport « critique » d’un texte de Ruwen Ogien en vue du séminaire ETAPE, Irène Pereira– Novembre 2014 –)

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