deux concepts intéressants- classiques de l'anarchisme social
L’agoraphobie politique
fait exclusivement référence à la peur
de la démocratie directe. Cette peur a quatre fondements :
1) le «peuple», poussé par ses passions, serait déraisonnable
en matière politique et ne saurait gouverner pour
le bien commun; 2) conséquemment, des démagogues
prendraient inévitablement le contrôle de l’assemblée
par la manipulation ; 3) l’agora deviendrait inévitablement
un lieu où les factions s’affrontent et la majorité
impose sa tyrannie à la minorité, ce qui signifie généralement
qu’en démocratie directe, les pauvres, presque
toujours majoritaires, opprimeraient les riches, presque
toujours minoritaires ; 4) enfin, la démocratie directe peut
être bien adaptée au monde antique et à une cité, mais
elle n’est pas adaptée au monde moderne, où l’unité de
base est la nation, trop nombreuse et dispersée po u r permettre
une assemblée délibérante.
L’agoraphobie politique indique une attitude critique
à l’égard du peuple se gouvernant seul, souvent associé
au peuple émeutier. Le demos - le peuple assemblé à
l’agora pour délibérer - n’est que l’embryon de la plèbe
- le peuple massé en foule qui prend la rue.
L’agoraphilie politique, pour sa part, désigne une forte
sympathie (voire de l’amour) pour le peuple assemblé.
Renversant la logique de l’agoraphobie politique, l’agoraphilie
affirme que toute élite gouvernante 1) est irrationnelle,
car animée par sa passion pour le pouvoir et la
gloire; 2) démagogique; et 3) constitue une faction qui,
par sa seule existence, divise la communauté entre gouvernants
et gouvernés. L’agoraphilie politique aime aussi
rappeler que le peuple a très souvent trouvé l’occasion de
s’assembler dans des agoras formelles ou non, et cela
même pendant la modernité.
remerciements à
Francis Dupuis-Déri
DÉMOCRATIE
HISTOIRE POLITIQUE
d ’u n MOT
Aux États-Unis et en France